C’était l’année 1999 et peu de voyageurs s’aventuraient dans nos villages. J’avais douze ans et j’aimais la mer et ses aventures depuis mon enfance. Sur le navire, on me surnommait " Loubaniitchou ", , j’étais tout le temps vêtue de vieux habits de pirates, souvent troués ou déchirés.
Mon père adoptif, Ahmed NASSAR, et moi avions décidés de visiter quelques îles Espagnoles, au cas ou nous tomberions sur un trésor caché. Nous naviguions maintenant, tranquillement, nous rapprochant de plus en plus des îles. Nous n’avions pas été confrontés à de sérieux problèmes, jusqu’à présent, tout allait bien…
" Bateau en vue…Bateau en vue !! Avait crié Sami, du haut de son mât.
-Ho, non !! s’était écrié mon père, d’un air catastrophé. C’est le drapeau des pirates de VIEUX ALI, le pirate le plus cruel, m’avait-il expliqué.
-Qu’est ce qu’on fait ? " Demandais-je.
Les cris des pirates de Vieux Ali, empêchèrent mon père de me répondre. Ils étaient tous près maintenant ; nous ne pouvions plus faire de manœuvres pour nous en sortir. Des coups de pistolet me firent sursauter. Déjà une foule de pirates se précipitait sur notre bateau, pour nous attaquer. Je me suis caché derrière la cabine de mon père, en espérant qu’on ne me trouve pas.
Je voyais depuis ma cachette, des têtes tranchées, des personnes de l’équipage se faire transpercer le corps par des épées tranchantes ou des poignards pleins de sang, des morceaux de chaire par-ci par-là. Sami, terrifié, était venu me rejoindre derrière la cabine. J’avais constaté qu’il était aussi dégoûté que moi…
D’un seul coup, un homme avait crié " Stop ! " Cela devait être le capitaine, Vieux Ali. A présent, le silence régnait.
" Ahmed Nassar… Comme on se retrouve ! Je t’avais prévenu que je te retrouverais et que je te ferais payer pour ce que tu m’as fait !… " avait commencé à dire le vieux capitaine
J’avais jeté un coup d’œil sur ce qui se passait. De ma cachette, je pouvais voir que mon père était retenu par plusieurs pirates, pendant que le fameux Ali lui rappelait ses souvenirs.
" Ligotez-le ; et dépêchez-vous, bande de mollassons ! " avait crié le Vieux Ali
De mes propres yeux, je pouvais voir mon père se faire ligoter au mât de notre bateau. J’avais aussi vu un pirate qui se tenait près du mât, sortir un couteau tâché de sang.
" Arrêtez ! " sans savoir ce que je faisais, je m’étais retrouvé debout, et je voyais toutes les têtes se retourner vers moi.
" Tiens donc… Qui es-tu pour oser me défier ? avait lancé Pedro Grande d’un air méchant.
-Le fils adoptif de Nassar, avais-je répondu.
-Très bien, si tu ne veux pas voir ton père se faire trancher la tête, va me chercher votre butin. Ou plutôt, devrais-je dire… Mon butin ! " C’était écrié Ali en riant d’un rire méchant. Paralysé par la peur, je m’efforçais d’obéir. Je revins avec un coffre rempli de bijoux, d’or, d’objet précieux, de pièces, d’habits…J’avais lancé un regard désolé et triste à mon père. Je sentais que je l’avais un peu trahi, ainsi que le reste de l’équipage.
" Une dernière chose, tu viens avec nous, et je relâche ton père. Cela me réjouit, rien qu’à l’idée de lui retirer ce qu’il y a de plus cher à ses yeux… ", insistait le capitaine. Et il était reparti pour un autre fou rire. Mais cette fois, c’était un rire glorieux ! Qu’est-ce que j’allais devenir ? Je m’efforçais de garder la tête haute, malgré les regards alarmés de mon père et de Sami
Je dus monter dans le bateau d’Ali. Bien sûr, j’étais la seule fille sur la navire avec la femme du capitaine… corvée ; Je passais ma journée à nettoyer le bateau et sans ratures car la femme du capitaine me surveillait vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Jusqu’au jour ou nous avions approché de très près d’une petite île
Je venais de terminer de nettoyer la coque quand le capitaine avait appelé sa femme ; sans doute pour parler de ce qu’ils allaient bien pouvoir faire de moi.
J’avais profité de l’absence d’elle pour me faufiler à l’arrière du bateau. Ma décision était prise, je quittais ce bateau de malheur pour me réfugier sur cette île, où il ne pourrait pas encore me trouver, à cause des rochers qui la défendaient.
J’avais plongé dans l’eau et je commençais à nager vers l’île. Une fois arrivée sain et sauf sur le rivage, je m’étais mis à crier.
" Sales espagnols … Je suis libre ! "
Je pouvais entendre des cris venant de leur navire. Et je vis, avec joie, le bateau s’éloigner de l’île…
Bien sûr, je suis restée sur cette île trois ans avant qu’un bateau ne se décide à passer. Un beau navire français s’était arrêté tout près de l’île. Je leur avais fait signe et je m’étais mis à nager vers leur bateau. Ils m’avaient gentiment accueillis à bord et m’avaient ramené à mon pays
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